C’est une tradition que les plus méticuleux ont érigé en art. Les santoun, ou « petits saints », apparaissent au début du XVIIIème siècle en Provence. Sous la Révolution ils étaient faits de cire, de verre, de bois, de mie de pain ou de carton-pâte. Plus tard, ils furent en plâtre pour une qualité ordinaire et en argile pour une qualité supérieure. Bien vite, ces petites figurines peintes et décorées à la main vont orner la crèche qui, outre ses références religieuses, va s’élargir jusqu’à représenter un village entier en mettant l’accent sur les métiers de la Provence rurale et ponctuer ses ruelles étroites de personnages atypiques.


UN EMBLÈME LOCAL

Devenus incontournables dans notre région, les santons comptent parmi les symboles les plus emblématiques de la Provence et constituent une véritable photographie miniature d’une époque pas si lointaine, sublimée par le savoir-faire des santonniers qui rayonne sur les foires aux santons qui sont d’authentiques marchés de Noël.

La crèche, en plus de recréer la scène de la nativité, dépeint dans une scénographie bucolique un village dominé par le folklore provençal. Cette caractéristique se ressent par la mise en œuvre de la vie quotidienne servie par la présence de nombreux habitants fleurant bon tous les métiers d’antan. C’est ainsi que les bugadières, remoulaïre, tambourinaire, pastre et leurs troupeaux, bohémiens, lou Ravi, l’ange boufaréu, l’Arlésienne et tant d’autres côtoient les papets et les mamets devisant à l’ombre d’un mûrier ou à la table du café. En outre, il n’est pas rare d’y retrouver quelques reproductions des scènes les plus mythiques de la filmographie de Marcel Pagnol telle la célèbre partie de cartes.


NOËL EN PROVENCE

On ne saurait évoquer la crèche provençale sans aborder en complément deux autres traditions : le blé et le gros souper. A la Sainte-Barbe, soit trois semaines avant Noël, les Provençaux disposent des grains de blé dans trois coupelles dont le fond a été tapissé de coton. Ces coupelles représentant la Trinité seront ensuite disposées sur la table, lors du repas de Noël, afin d’attirer la prospérité sur le foyer.

L’origine de cette tradition remonterait à l’antiquité grecque et romaine, une époque où l’on pratiquait des rites de la fécondité. Le blé en herbe représentait les prémices de la moisson et lorsqu’au milieu de l’hiver la germination du blé était bonne, cela signifiait que les récoltes seraient abondantes l’année suivante.

Le gros souper a lieu le 24 décembre au soir et se termine un peu avant la messe de minuit. Sur la table sont disposées trois nappes blanches de dimensions différentes (une grande dessous puis une moyenne et en dernier la plus petite). La première servira le soir même pour le gros souper, la deuxième pour le jour de Noël et la dernière pour le lendemain. Trois coupelles de blé planté à la Sainte-Barbe et trois bougies viennent compléter le décor.

Dans le temps, il était habituel de mettre un couvert de plus, place symbolique du pauvre parce qu’on ouvrait sa maison et sa table à un pauvre le soir de Noël.

Le gros souper se compose d’un repas maigre de sept plats correspondant aux sept plaies sacrées, arrosé du vin de l’année et suivi des treize desserts. Il est important de noter que ceux-ci divergent d’un lieu à un autre mais il y a une base commune : les quatre mythiques mendiants, les deux nougats et la pompe à l’huile. Voici donc une liste « locale » :

  • Noix ou Noisettes (symbole des Augustins)
  • Figues sèches (symbole des Franciscains)
  • Amandes (symboles des Carmes)
  • Raisin sec (symbole des Dominicains)
  • Pompe à huile, gage de réussite
  • Nougat noir
  • Nougat blanc, pour l’humeur des jours
  • Dattes ou pruneaux
  • Mandarines
  • Pommes
  • Poires
  • Raisin frais
  • Abricot sec

Pour aller plus loin

Pendant les fêtes de fin d’année, prenez le temps d’entrer dans les églises de La Crau, La Garde, Hyères, Le Pradet, Carqueiranne, pour admirer dans le détail les crèches qui perpétuent cette tradition. En outre, des foires aux santons ont lieu en ce mois de décembre à l’image de celle de La Garde dans le vieux village et de Carqueiranne. Les offices de tourisme locaux vous donneront les informations relatives à ces rendez-vous.

Au printemps, profitez de la journée Terre de Provence à La Garde pour approcher de près les métiers d’antan et les costumes provençaux au contact des nombreuses troupes associatives qui font vivre l’âme provençale et entonneront La Coupo Santo (hymne provençal) sur la place.

Et en parlant d’association, ce n’est que justice que de citer celles qui sur notre pôle touristique s’évertuent à transmettre ce précieux patrimoine qu’est notre culture provençale par le biais de l’enseignement ou la démonstration.

  • La Voio à Carqueiranne
  • La Farigouleto à La Garde
  • L’ACAMP à La Garde
  • Escolo Dis Isclo d’Or à Hyères
  • L’Arbanenco à Hyères
  • L’oustau de Prouvenço à Hyères

Enfin, en débordant de quelques arpents hors de ce pôle, glissez-vous jusqu’au charmant village de Solliès-Ville qui chaque année en cette période se couvre de crèches que les habitants constituent devant leur habitation avec une imagination des plus remarquables. Et dans un ancien moulin, découvrez le musée de l’habit provençal et profitez des connaissances de la guide qui vous permettra de vous immerger dans ces traditions.

© Textes, photos  et recherches : Yannis SANCHEZ – Bureau d’informations de La Crau
ysanchez@hyeres-tourisme.com