On vous emmène pour une promenade dans les bois, entre les collines du Mont des Oiseaux et du Paradis. Pénétrons dans le massif de la Sabatière, sur les hauteurs de Carqueiranne, pour y découvrir des reliques naturelles qui suscitèrent autrefois l’intérêt des habitants des environs dès l’Antiquité… et qui aujourd’hui sortent de l’oubli général. Partons à la recherche d’anciens fours à chaux aujourd’hui restaurés avec passion et savoir-faire ancestral. Reportage.

Direction la Sabatière (Carqueiranne) à la rencontre d’anciens fours à chaux


Du calcaire à la chaux

La chaux était, depuis l’Antiquité, la forme de mortier qui a précédé le ciment jusqu’au XIXè siècle. Elle était produite par les chaufourniers à partir du calcaire calciné à 1000 degrés dans des fours entre 3 et 7 mètres de diamètre. A la Sabatière, les Romains la produisaient déjà pour leurs édifices, les circuits courts étaient donc privilégiés ! Pour preuve, les archéologues ayant travaillé sur le site d’Olbia (colonie phocéenne passée sous contrôle romain) ont relevé que la chaux produite à partir du calcaire des collines carqueirannaises fut utilisée à cette fin. Pendant la période massaliète, les bases des murs sont en pierres liées à la terre et les élévations en briques crues, alors que pour la période romaine les murs sont en moellons liés au mortier de chaux. Parmi les constructions célèbres des Romains utilisant la chaux, l’on peut citer le Pont du Gard, les arènes de Nîmes, le théâtre d’Orange.

Une ancien four à chaux rénové par des bénévoles passionnés

Les vestiges d'un four à chaux, dans la colline de La Moutonne, abandonné et enseveli sous la végétation.


L’usage de la chaux dans l’agriculture

Si l’usage principal de la chaux fut son utilisation comme liant de mortier, les paysans d’autrefois lui trouvèrent une fonction plus pratique pour leurs terres. En effet, les agriculteurs s’en servirent pour l’amendement des champs (l’amendement est un produit fertilisant minéral ou organique apporté à un sol pour améliorer sa qualité agricole). Les horticulteurs la répandaient afin de baisser le taux d’acidité du sol (proximité des pins) car ils avaient constaté que les tulipes poussaient beaucoup mieux sur un sol neutre en Ph. Ils faisaient un épandage de chaux qui assainissait aussi le sol (la chaux étant un produit naturel). Les jardiniers pour leur part la déposaient autour de leurs cultures pour dissuader les limaces et les escargots.

L’aspect blanchâtre de l’intérieur d’un four à chaux rénové. Les pierres de calcaire forment l’enceinte.

Les recensements de populations compris entre 1841 et 1911 indiquent qu’une trentaine d’habitants ont exercé le métier de chaufournier. Cependant, ils cumulaient cette activité avec un autre labeur et cultivaient également la vigne, l’olivier, le blé…

La plupart des fours à chaux, dont les restes parsèment les collines, datent du XIXè siècle. Petit à petit remplacée par le ciment et les enduits, l’utilisation de la chaux s’étiole et à partir de 1948, les fours sont abandonnés.

L'intérieur d'un ancien four à chaux abandonné (pour l'instant) mais qui pourrait revenir à la vie...

...sous l'impulsion d'un travail de passionnés qui bénévolement restaurent ces merveilles du temps jadis.


Un nouveau destin pour les fours

Tombés dans l’oubli, les fours à chaux ont connu un destin funeste pour nombre d’entre eux,. D’autres, délaissés par la main de l’homme, furent rendus à la végétation qui peu à peu a recouvert les pierres jusqu’à ensevelir les voûtes effondrées, les rayant ainsi de la mémoire locale. Moins d’une vingtaine sont encore visibles, dispersés à travers les bois communaux des collines dont plusieurs à la Sabatière, leurs parois disséminées à terre par les éboulements.

Un pin centenaire pris place à l’intérieur du four qui devrait retrouver une nouvelle jeunesse bientôt.

Toutefois, d’irréductibles défenseurs du patrimoine ont décidé il y a quelques années de restaurer les fours à chaux. Ces bénévoles, dont les rangs croissent chaque année, sont regroupés au sein de l’association Les Chaufournier Carqueirannais. Ils débroussaillent et s’escriment à remettre en état ce patrimoine, vestige d’une époque certes révolue mais qui a cependant inscrit durablement le calcaire dans le quotidien du village. En effet, il ne vous aura pas échappé que le nom du village ressemble étrangement au nom de ce matériau… et ce n’est pas un hasard !

En vous promenant dans la Sabatière, vous pourrez admirer leur travail (et celui restant à accomplir) en longeant les anciens fours.

Pierre après pierre, le four retrouve sa gloire d'antant.

Quand vous passerez en VTT ou à pieds, vous comprendrez maintenant pourquoi certains chemins sont blancs.

L’un des plus grands fours à chaux en cours de restauration.

 

Pour suivre le travail et adhérer à l’association des Chaufourniers de Carqueiranne, nous vous donnons rendez-vous sur leur Page Facebook Officielle.
facebook.com/leschaufournierscarqueirannais

 

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© Textes et recherches : Yannis SANCHEZ – Bureau d’informations de La Crau
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Photographies : Julien VEYSSADE