Année 542, sur les décombres de l’Empire romain d’Occident, l’Europe est entrée dans une nouvelle période que les historiens nommeront bien plus tard le Moyen-Age. Après avoir été combattu, le christianisme forme désormais l’un des socles sur lesquels la civilisation va s’établir durablement et des pays entament leur long processus de constitution.


En route pour l’Anjou

Dans une plaine non loin de la Méditerranée, un cortège s’achemine lentement vers un bourg blotti sur son dyke d’andésite, ce village apparaîtra cinq siècles après sous le nom de Guarda. Il s’agissait d’un groupe de moines parti quelques mois plus tôt de la toute jeune abbaye du Mont-Cassin fondée par Benoît de Nursie (futur Saint-Benoît), située dans l’actuelle Italie centrale.

A sa tête un certain Maur, l’un des plus proches disciples de Benoît, doit remplir une mission. En effet, l’évêque du Mans a demandé à Benoît l’envoi d’un groupe de moines pour instaurer la vie monastique en Francie et établir un monastère en Anjou (ce sera celui de Glanfeuil).

Fatigués et affamés, les religieux espèrent prendre bientôt un peu de repos et se restaurer. Mais de sa tour de guet en haut de l’éperon, un veilleur a aperçu la petite colonne, et, ne sachant qui ils sont, n’interprète pas cette venue sous de bons auspices et sonne l’alerte. Ayant déjà connu les ravages de bandes de soudards, toute la population s’arme, pensant avoir à faire à des brigands ou pillards, et se poste sur le chemin venant de Hyères, bien décidée à dissuader, repousser sinon occire cette troupe qui arrive sans s’être annoncée !

 

C’est ainsi que Maur et ses congénères sont accueillis à coups de faux, de pierres et de bâtons. Mais avant que l’équipée ne se termine en drame, Maur parvient à expliquer qu’il est un disciple de Benoît. Or, celui-ci est déjà une référence connue. La confusion passée, Maur, blessé à la joue gauche, est amené auprès des autorités avec ses compagnons.

Une femme âgée lui apporte des oignons, du pain et de l’eau. Maur bénit alors les bulbes et déclare que les oignons de ce lieu auront la douceur de la pomme pour l’éternité….ce qui est le cas des oignons jaunes de La Garde, lesquels firent la richesse de la ville à une époque.


Et treize siècle plus tard…

Le passage de Saint-Maur est symbolisé à La Garde depuis 1879 par la foire à l’ail, à l’oignon et au boudin qui se déroule chaque année, le dernier dimanche du mois d’août.

Cérémonie autour de St-Maur

Foire à l'aïl, à l'oignon et au boudin

Célébration provençale

L'aïl: l'incontournable des tables du Sud


Quant à l’oratoire Saint-Maur datant du XVIIIè siècle, autrefois situé là où l’algarade se produisit, il fut déplacé sur le chemin d’accès de la chapelle Notre-Dame coiffant le rocher.

Il se compose d’un fût carré en pierre de taille avec, en partie haute, un arc aux minces piedroits et au chambranle mouluré, couronné de 2 amours tenant une guirlande de fleurs et de feuillages. L’ensemble est coiffé d’une coupole hémisphérique décorée d’écailles. Il est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques.


Oratoire de La Garde

Ascension qui vous mène à la chapelle romane...

... au sommet du Rocher

© Textes et recherches : Yannis SANCHEZ – Bureau d’informations de La Crau
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