C’est avec un immense plaisir que nous vous partageons ce texte envoyé par Nathalie Tachet. Quel bonheur de recevoir sur notre boite mail cette jolie ode à notre ville. ♥ Grand merci Nathalie. Vous aussi pouvez nous envoyer vos textes ici. Nous les publierons avec grand plaisir.
Ce magnifique texte est illustré par Amandine Languinier

Hyères, ma Désirable

Les platanes abritent les places du Sud. Le matin, elles s’animent de marchés. Le soir, les joueurs de pétanque, la main refermée sur la boule, s’interrogent ,« je la pointe ou je la tire » ?
Sur les bancs alentours, les mamies parlent entre elles, se foutant pas mal de la distance du cochonnet.
Le platane est l’arbre sous lequel la vie se partage, du coup de gueule au coup de cœur. Les artistes y sont à l’unisson avec les autochtones. C’est la place des Lices, si chère à Yves Montant.
Aux platanes cependant, je crois préférer les palmiers. Ce sont les arbres de l’ailleurs qui nous conduisent à travers nos rêves d’été. Les miens s’arrêtent dans le Var, à Hyères.
Hyères les Palmiers, la bien nommée, souligne que l’arbre, à lui seul, suffit à faire la renommée. Il faut remonter l’avenue Godillot bordée du célébrissime. En levant les yeux, un peu plus haut, se dessine la silhouette du Grand Hôtel et celle de la reine Victoria qui y séjourna en 1892. Le lieu est baigné d’élégance, vestige d’un faste ancien.

Hyères, ma Désirable, n’a rien à envier à ses voisines du golf de Saint -Tropez, nouveaux ports d’attache de la noblesse – ou pas – des jours nouveaux.
Hyères, j’aime tout en ce lieu.
J’aime les ruelles escarpées de la vieille ville qui montent jusqu’à la villa Noailles. Ah la villa Noailles, quel endroit ! On y respire l’ambiance des années folles, folles d’avant-gardisme, d’insouciance, de création. On y respire encore la présence des mécènes géniaux que furent Charles et Marie Laure de Noailles.
J’aime les petits farcis d’Eric Demaison en haut de la rue Massillon et à trois enjambées, sur la place, les biscuits de Gilles Mène. L’entrée en ces lieux met le palais en émoi.
J’aime les ruines de l’ancien château qui dominent la ville et offrent une vue jusqu’aux Iles d’Or.
J’aime le jaune du mimosa, l’orange de l’oranger, le bleu de la mer, le blanc du sable. Ici, la vie se partage en technicolor.
J’aime les plages immenses, si rares dans le Sud et les petites criques perdues posées discrètement aux pieds de la Méditerranée. J’aime les pique-niques au couchant, sur la plage, lorsque la mer engloutit le soleil au plus profond de son immensité.
J’aime les chemins douaniers qui ouvrent le pas vers un monde à la Robinson Crusoé. J’aime le bateau qui nous mène sur les îles ; on y embarque pour un voyage plein de promesses.
J’aime l’intimité de la petite église du village de Giens qui nous fait croire en des paradis, loin d’être perdus.
J’aime la vue de notre maison qui porte à la contemplation. J’aime le temps qui y passe avec délectation. J’aime les rires de nos amis qui résonnent comme un hymne au bonheur que l’on croit éternel. J’aime les rosés et les blancs « du pays » qui enchantent nos apéros.
J’aime tout de ce lieu.
Le confinement m’en a privé. Ce fut un outrage. J’ai aimé à rêver au jour des retrouvailles.